Le préfet de Diyarbakır Hüseyin Aksoy s'est montré très contrarié, en visitant le vieux quartier de Sur (la ville ancienne intra-muros) par les magasins vendant des tenues traditionnelles kurdes. Il a ordonné aux « Forces d'intervention rapide » (Çevik Kuvvet) d'y mettre de l'ordre et de faire enlever ces vêtements, notamment dans le marché historqiue de Sewitî.
Il s'agit des tenues dites « şal û şepik » et « kiras û fîstan », que les Kurdes revêtent depuis des siècles. La police a photographié toutes les boutiques mises en cause et a annoncé : « Ceci est un premier avertissement. Mais si ces tenues sont encore là lors de notre prochain passage, ce sera 8000 lires turques (TL) d'amende (environ 2500 €) et la confiscation de la marchandise ».
Ahmet Aslan vend des « şal û şepik » ; c'est la tenue para-militaire kurde, très prisée par les jeunes lors des noces ». La police lui a ordonné de retirer ces tenues dans un délai d'une semaine. Un autre commerçant, Saban Tas, qui vent surtout des tenues de mariage, affirme qu'il va continuer, quitte à payer l'amende. La police le chicane également parce qu'il vend des fanions de l'équipe de football de Diyarbakır, Amed Spor ; « La situation est telle ici que même les couleurs de notre culture doivent être enlevées [le jaune, le rouge, le vert] ».
Hüseyin Demirci qui vend des tenues traditionnelles depuis des années, dont le prix moyen est de 50 000 TL commente : aujourd'huui ce sont les vêtements, demain on nous interdira les chansons kurdes, ensuite ce sera la langue [dont l'emploi en public était interdit jusque dans les années 1990]
(D'après Lezgin Akdeniz, Evrensel, 12 juillet 2016 - Diyarbakır/DİHA https://www.evrensel.net/haber/284823/diyarbakir-valisi-sal-sepiki-yasakladi)
La députée HDP Feleknas Uca a réagi en portant cette question à l'ordre du jour de l'Assemblée. « Après avoir enduré un blocus et couvre-feu de 6 mois, le quartier de Sur, les commerçants doivent maintenant faire face à de nouvelles interdictions. Les tenues très prisées dans les fêtes et les noces font partie de la vie culturelle et leur interdiction ouvrirait la voie à la destruction du capital culturel et sentimental du peuple kurde. Feleknas Uca a interpelé le ministre de l'intérieur Efkan Ala (http://www.imctv.com.tr/surda-yoresel-kiyafetlere-getirilen-yasak-meclis-gundeminde/).