Communiqué de Halis Yıldırım, 26 juillet 2019
Traduit de l'anglais par E.C.
Aujourd'hui 26 juillet 2019, la Cour constitutionnelle turque a examiné les requêtes individuelles des Universitaires pour la Paix. Il a été décidé que l'appel pour la paix doit être considéré comme l'exercice de la liberté d'expression et ne peut constituer une charge criminelle.
Cela signifie que :
Les charges contre les universitaires incriminés ne peuvent être maintenues, et donc toutes les procédures judiciaires sont sans objet.
Les mesures de privation de liberté de voyager sont invalidées, et les universitaires peuvent ainsi recouvrer leurs passeports.
Les condamnations antérieures doivent être annulées.
Les universitaires révoqués doivent retrouver leur poste.
La question est ouverte de savoir dans quels délais ces mesures vont être appliquées. La réintégration à l'université, en particulier, peut prendre beaucoup de temps, compte tenu des pressions envisageables.
Pourquoi ce virage ?
1) Toutes les décisions prises par l'Etat dans le cadre d el'état d'urgence étaient illégales et arbitraires. La seule question était de savoir quand les mesures d'Erdogan seraient désavouées.
2) Le bonapartisme d'Erdogan a manqué son objectif : faire de la Turquie une puissance régionale. La crise économique, le mécontentement engendré par le pouvoir personnel d'Erdogan a incité plusieurs segments de la bourgeoisie turque à désobéir aux ordres du président, en dépit des purges répétées au sein de l'appareil d'Etat. Aussi, le régime doit-il redéfinir ses limites. Erdogan et son régime sont certainement peu enclins à défier ces décisions de la Cour constitutionnelle.
3) Tant à l'étranger qu'en Turquie, la solidarité et le soutien aux universitaires ont été effectifs. Par exemple, presque personne n'a retiré sa signature du manifeste pour la paix, à un moment où cela pouvait avoir de dures conséquences en Turquie, et ce malgré les pressions. Merci à tous.
4) La Turquie n'est pas fasciste. Il s'agit d'un régime réactionnaire, d'un bonapartisme instable. Cela signifie que les ressauts de démocraties doivent être différents que dans un régime fasciste. Et c'est important car la démocratie, en Turquie, a besoin d'être maintenant concrètement redéfinie.
5) Malgré tout, la victoire des Universitaires pour la paix est avant tout une victoire défensive. Le mouvement doit maintenant avoir un caractère offensif, qui doit se cristalliser sur trois points :
Tout d'abord, tous les prisonniers d'opinion, comme les membres du HDP et du CHP, les universitaires comme Tuna Altınel, etc., doivent être libérés immédiatement.
Il font refonder l'université. Les universités existantes n'ont pas les moyens de résister aux attaques réactionnaires ; au contraire, elles sont une part active de ces attaques. Aussi les universités doivent-elles être libérées du contrôle d'Erdogan et du Conseil de l'enseignement supérieur (YÖK). Les universités doivent passer sous le contrôle de leurs enseignants, employés et étudiants.
Enfin, l'armée turque doit dans les plus brefs délais se retirer d'Afrin (Syrie) et toutes les opérations militaires doivent être interrompues. C'est là le point de départ de tous les problèmes. La paix reste l'objectif à atteindre. Ce n'est pas la fin de cette histoire, c'est le commencement de nouveaux défis.
Halis Yıldırım est journaliste, notamment au quotidien Birgün et à la revue Birikim
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Constitutional court rules Turkish academics were wrongfully charged with terror propaganda | Ahval
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