C'est une photo de presse qui attire d'abord mon attention, publiée par le quotidien Türkiye du 1er février 1998. Au centre de la scène, une bande de terrain nu parcourue par une ligne de barbelés, où s'agitent des militaires ; de part et d'autre, deux autres rangées de barbelés qui retiennent deux foules compactes.
Aujourd'hui, cela évoque des scènes tragiques. Pourtant c'est une scène de fête, mais contrariée par les autorités : c'est la fin du ramadan 1998, Seker Bayramı pour les Turcs, Aïd el Fitr pour les Arabes. Les deux foules ne font qu'un peuple, ce sont les populations qui ont été brusquement séparées par le tracé de la frontière turco-syrienne en 1921. A gauche du cliché, la Turquie, à droite la Syrie. Ils sont Arabes, ou Kurdes, ou Turkmènes, ils sont cousins ou appartiennent à la même tribu, ils voulaient se retrouver pour la fête, ils étaient venus chargés de cadeaux. Les autorités syriennes les en ont empêchés. De part et d'autre, on crie, on s'interpelle, on essaie de se parler, de donner des nouvelles. Les militaires de la photo, des Turcs, sont compréhensifs et font les intermédiaires, passent les présents d'un côté à l'autre : l'un d'eux est chargé d'un tapis ; un autre, à gauche, tend la main vers un de ses compatriotes qui veut lui confier quelque chose ; en bas à droite, un autre soldat jette un objet par-dessus les barbelés syriens.
La scène se passe dans la ville frontalière de Ceylanpınar (prononcer "djeylan'penar"), département d'Urfa, Turquie. Elle s'appelait autrefois Ras al'Aïn, qui est toujours le nom de la ville d'en face, en Syrie. Pour les Kurdes, c'est Serekaniye. La ville d'autrefois, la ville unique, était traversée par le chemin de fer d'Adana à Bagdad, le fameux Bagdadbahn, comme l'étaient Kobanê/Aïn al Arab plus à l'ouest, Derbesiye à l'est ou encore Nusaybin/Qamishly.
Le lieu n'est pas facilement identifiable mais des repères sont disponibles. En haut à gauche du cliché, on remarque de légères striures verticales ; en poussant les contrastes de la photo, on reconnaît l'énorme silo à grains situé le long de la voie ferrée, du côté turc. A droite du cliché, on distingue un mur et un mirador, côté syrien. Silo et mirador sont visibles sur Google Earth : sur la photo satellitaire, je les ai marqués d'un cercle et d'une flèche ; le repère jaune indique le lieu possible de prise de vue.
Ceylanpınar. Les environs de la gare. La frontière est en jaune. entourés d'un cercle, les silos du côté turc. La flèche désigne le mirador visible sur la photo de Türkiye, le repère jaune le lieu de prise de vue.
Les accords Sykes-Picot de 1916 prévoyaient un partage de cette région entre la France et l'Angleterre, mais la part alors dévolue à la France s'étendait beaucoup plus au nord, incluant Marache (Kahramanmaras), Aïntab (Antep) et Urfa (Sanlıurfa). La guerre qu'a menée la France sur le flanc sud de l'Anatolie, de 1919 à 1921, visait à s'emparer de cette région, en utilisant et manipulant sans vergogne les populations et combattants arméniens (cf. l'article précédent, « Un voyage de Hadjine à Saimbeyli »). Mais la résistance des troupes insurrectionnelles kémalistes a été plus forte et la France a dû renoncer à ce projet. En octobre 1921, Français et kémalistes ont signé l'accord d'Ankara qui constituait une reconnaissance de facto du régime de Mustafa Kemal, et établissait la frontière entre la nouvelle Turquie et le protectorat français sur la Syrie. Or, d'Elbeyli à Nusaybin, sur plus de 350 km, la frontière a été fixée sur la la ligne de chemin de fer, coupant en deux toutes les villes de la région. Imaginez un instant qu'une frontière franco-allemande hermétique longe la voie ferrée, coupant en deux Mulhouse, Colmar, Sélestat, Strasbourg...
Il s'agit d'une région de population très mêlée, principalement kurde et arabe, avec des composantes arméniennes, chaldéennes, syriaques, et des descendants de migrants turkmènes et tcherkesses venus à l'époque ottomane. Avec la création des deux Etats-nations turc (1923) et syrien (1946), chaque côté a été autoritairement turquisé ou arabisé. La partie nord de Ras al'Aïn est devenue Ceylanpınar, « la fontaine des gazelles », tandis que le nom kurde de Serekaniye n'avait aucune existence officielle. C'est ainsi que, le long de cette voie ferrée, des familles, des tribus ont été coupées de leurs proches, de leurs terres, de leurs pâtures. La situation a inspiré un film tragi-comique, Propaganda, de Sinan Çetin (1999), qui met en scène la pose du réseau de barbelés le long de la voie en 1948, bouleversant la vie des familles d'un village frontalier.
Malgré la frontière, les liens ont perduré, de manière ouverte ou par le biais de trafics de toutes sortes, y compris avec les soldats soviétiques stationnés en Syrie. Toutefois, c'était une frontière hermétique, protégée par des réseaux de barbelés, des champs de mines et une zone-tampon, dont le franchissement n'a jamais été facile. De part et d'autre, l'existence du voisin était comme niée. Dans les années 1980, à Antioche (Antakya) en Turquie ou Alep en Syrie, rien ne laissait sentir qu'on était tout proche de l'étranger : ni panneaux indicateurs, ni inscriptions dans la langue du voisin ; très peu de transports publics franchissaient la frontière.
Le partage de 1921, la coupure ferroviaire et les déchirements familiaux sont un sujet peu abordé par la presse turque, mais récurrent, le plus souvent sous forme de brèves. On y trouve des relations de grosses affaires de contrebande, de passages de familles entières avec leurs troupeaux. L'ouverture – ou non – de la frontière lors des fêtes religieuses (bayram) pour permettre aux familles de se réunir pour un ou deux jours est un « marronnier » de la presse turque. Mais c'était une tolérance dépendant uniquement du bon vouloir des autorités : en 1998, les gens restent derrière les barbelés. Les années suivantes, les rencontres sont autorisées ; mais en novembre 2003, pour ramadan, la Syrie ferme les portes à des milliers de personnes, puis finalement les ouvre pour 48 heures... après la fête. La rencontre est à nouveau possible en janvier 2005, toujours pour 48 heures, à Ceylanpınar et Nusaybin, ainsi qu'en octobre 2006 et décembre 2007.
Un stéréotype photographique était né, présentant une foule endimanchée en attente derrière des barbelés, ou passant joyeusement la frontière lorsqu'elle s'ouvrait. Rien de dramatique.
La plus grande ferme de Turquie
Ceylanpınar est connue comme point de passage possible, mais plus encore comme le lieu de la plus grande exploitation agricole de Turquie. C'est une ferme d'Etat qui date de l'époque ottomane, destinée à fournir des réserves stratégiques et abriter des haras pour l'armée. Elle est gérée aujourd'hui par la Direction générale des exploitations agricoles (Tarım Isletmeleri Genel Müdürlügü), le plus souvent désignée par le sigle TIGEM. Située juste à l'ouest de la ville et jouxtant la frontière sur 45 km, elle couvre 1635 km2 (par comparaison le Luxembourg couvre 2500 km2). On y pratique aujourd'hui une agriculture mécanisée et, sur la moitié de ses surfaces, irriguée selon les méthodes les plus « modernes », grâce à l'eau du barrage Atatürk situé au nord d'Urfa. Sur les images satellitaires, la TIGEM est immédiatement repérable, même à très haute altitude, par les surfaces géométriques vertes créées par l'irrigation, et qui tranchent par rapport à l'aspect général de la région, consacrée à la céréaliculture sèche ou à l'élevage, de couleur ocre sur les photos.
Les domaines de TIGEM. Entouré d'un cercle rouge, le camp de Tel-Hamur. Capture d'écran Google Earth. La ville de Ceylanpınar est à droite, la frontière est en jaune.
La « ferme » de TIGEM est censée produire de quoi nourrir la Turquie pendant dix jours. Fournissant très majoritairement du blé, mais aussi grâce à d'immenses troupeaux, de la viande et des produits laitiers, elle emploie plusieurs milliers d'ouvriers agricoles, souvent misérables ; en février 2007 un très grave accident avait mis en lumière les manières de la TIGEM, entassant ses ouvriers la plupart très jeunes, femmes, enfants et adolescents, dans les bennes de camions vétustes (Milliyet, 9 février 2007).
La TIGEM est donc un des principaux employeurs de la petite ville de Ceylanpınar (50 000 habitants), avec non seulement ses ouvriers mais ses cadres, administrateurs, techniciens, agents d'entretien, mécaniciens, agronomes etc., dont les plus gradés vivent à l'écart dans l'enceinte de l'exploitation. Elle est un petit monde avec ses classes sociales, ses exploités et ses parias, paysans très pauvres ou nomades sédentarisés ayant établi des villages précaires sur les terres de l'Etat, localités illégales ne bénéficiant d'aucun service public, ni de réseau d'eau potable, d'électricité, de services sanitaires. Dépourvus d'écoles, leurs habitants ignorent souvent la langue turque.
C'est un petit monde fermé mais perméable et d'autant plus « intéressant » qu'il longe une frontière inter-étatique et constitue une zone-tampon entre la Turquie et la Syrie... Beaucoup d'allégations circulent sur ce qui se passe ou peut se passer sur ces terres qui ont pris un intérêt nouveau avec la guerre en Syrie. Tour à tour, les dirigeants du parti HDP ont accusé l'Etat d'y entretenir et d'y entraîner des combattants de l'armée libre syrienne, puis d'Al-Nosra, de DAESH...
Enclave dans l'enclave, depuis 2012, à 10 km de la ville, le domaine abrite l'immense camp de réfugiés de Tel-Hamur : 1500 mètres sur 400, une tache blanche parmi le vert des cultures irriguées, très bien visible sur les images satellitaires. Créé sur une friche en 2011-2012, saturé dès 2013, il abrite entre 21 000 et 36 000 personnes, selon les sources, dans quelque 4500 tentes. C'est une autre ville, d'où les informations ne sortent pas facilement, où les délégations de journalistes et d'ONG ne sont pas les bienvenues. Camp du dénuement absolu, peut-être aussi souvent fui qu'espéré, dont l'un des « habitants » a posté, sur Google-Earth, une photo de son plus bel olivier, à Ma'arrat al Numan, au sud d'Alep.
Le camp de Tel-Hamur... et le paradis perdu: Ma'arrat al Numan. Photos Oussama Darwish publiées sur Google-Earth
A la lisière de la guerre
Le destin de ces villes-frontières partagées a évidemment basculé avec la guerre de Syrie, face à un pays dans le chaos, puis face à une région, le Rojava, contrôlée et administrée par les forces kurdes du PYD à partir de 2013. Depuis Suruç, Akçakale ou Ceylanpınar, on pouvait « assister » à la guerre, mais pas comme à un spectacle, les populations au nord de la ligne ayant des relations étroites avec celles du sud. Ce sont leurs propres parents syriens que ces citoyens de Turquie voyaient se faire bombarder sous leurs yeux. Leur vie a été affectée directement et durement : d'abord les tirs, en face, parfois à quelques dizaines de mètres des quartiers les plus proches de la frontière, provoquent des morts et des blessés, et des dégâts matériels du côté turc. La frontière a complètement changé de statut : les autorités officielles syriennes n'y étant plus présentes, c'est le côté turc qui régit les passages à son gré, bloquant ou permettant, comme il l'entend, les flots de réfugiés, tolérant ou non les passages de blessés venant du sud, fermant les yeux sur des apports d'armes, mais en fonction du destinataire.
Photo de gauche: vue générale de Ceylanpınar publiée sur le site municipal. Au fond, les silos, la voie ferrée, la frontière et la ville de Ras al'Aïn. A droite, Ceylanpınar et Ras al'Aïn sur capture d'écran Google-Earth
En novembre 2012, l'armée syrienne légaliste attaquait les forces du PYD à Ras al'Aïn : les habitants de Ceylanpınar on pu voir les vols d'observation suivis du largage de barils d'explosifs par des hélicoptères, et des projectiles ont atteint les établissements de la TIGEM. En une seule journée, l'ONU a dénombré huit mille passages de la frontière par des réfugiés syriens.
Six semaines plus tard, en janvier 2013, le PYD contrôle une grande partie de Ras al'Aïn. Au camp de Tel-Hamur, les réfugiés sont déjà 23 000, principalement arabes et kurdes, auxquels il faut ajouter des milliers d'autres qui sont en ville à Ceylanpınar. La représentante de la Ligue turque des droits humains (IHD) Hatun Ildemir, interviewée par la sociologue Çiçek Tahaoglu, les évalue en février 2013 à 4500 ; les plus chanceux sont hébergés par des parents, les autres vivent comme ils peuvent dans des squats, parfois à 25 ou 30 par pièce, ou dans des bâtiments encore en chantier, presque à l'air libre et sans aucun confort, vivotant de de maigres aides de la ville et de la charité publique. La moitié de ces réfugiés seraient des enfants, et beaucoup plus de femmes que d'hommes, ceux-ci étant souvent restés en Syrie. Hatun Ildemir, qui conduisait une délégation d'organisations féministes à Ceylanpınar, et qui dit avoir vu beaucoup de camps de réfugiés, avoue qu'elle « n'aurait jamais pu imaginer cela ». Les femmes, surtout les jeunes femmes réfugiées vivant en ville ont souvent fui le camp, constamment menacées ou victimes de viols ou même de vente en esclavage. Les hommes, eux, cherchent à travailler et quand ils en ont la chance, ne peuvent espérer plus de 10 livres turques par jour (à l'époque, environ 4 €). Selon ce témoignage, les réfugiés dépourvus de papiers seraient souvent refusés dans les hôpitaux de la ville.
En janvier 2013, une délégation de députés du HDP, dont Ertugrul Kürkçü, avait fait des constats semblables : les réfugiés du camp de Tel-Hamur ne souhaitaient pas y rester « pour des raisons de sécurité ».
A Ras al'Aïn, les combats entre le PYD kurde et les « bandes » islamistes soutenues, côté turc, par le parti au pouvoir AKP, ont commencé le 16 janvier 2013. Les combats ont fait rage. Les habitants du quartier Mehmet Akif Ersoy, à Ceylanpınar, qui sont à cent ou deux cents mètres de la Syrie, ont dû prendre la fuite ; de nombreuses maisons sont touchées, par des sous-munitions ou même « par des tirs délibérés », selon l'agence kurde ANF.
La prise de contrôle de la ville par les Kurdes à partir du 19 janvier 2013, suivie en novembre 2013 par le contrôle complet du Rojava par le PYD, inquiète l'Etat turc. Selon la délégation du HDP, « des flots d'aides parviennent à l'armée syrienne libre » puis aux bandes d'Al Nosra, enfin à DAECH qui le 9 avril 2013 proclame l' « Etat islamique en Irak et Cham ». Le trafic de matériel susceptible de servir d'arme, d'explosif ou de blindage est documenté pour un autre point de passage, celui d'Akçakale, plus à l'ouest. Le célèbre éditorialiste Hasan Cemal, effectuant un reportage en Rojava en avril 2014 pour le site d'information t24, compare la situation à celle des années 1990 : l'Etat rejoue le jeu de l'époque, quand il dressait le Hezbollah contre le PKK. Désormais, il utilise DAECH contre les Kurdes.
En 2015, Ceylanpınar n'en peut plus. Dans bianet.org, Begüm Zorlu décrit une ville dont les rues sont vides, « presque sans femmes ». La ville est en lisière de la guerre depuis 2011 ; huit personnes sont mortes, touchées par des tirs provenant de Syrie (souvent bombes à fragmentation), de nombreuses autres sont blessées, et certains quartiers ne sont presque plus habités. Le 21 juillet, lendemain du terrible attentat de Suruç, l'assassinat de deux policiers anti-terroristes à Ceylanpınar a immédiatement été attribué au PKK. Selon les rumeurs, ils auraient aidé à préparer l'attentat. Le même jour, Sebahattin Demirtas, co-président du HDP, accusait l'Etat turc de fermer les yeux sur la présence de DAECH du côté turc de la frontière, voire d'en permettre l'entrainement, notamment sur les terres de la TIGEM. Il est vrai que le lieu est idéal, permettant, sur 45 km, des allées et venues discrètes de part et d'autre de la frontière.
Il faut ajouter à cela de fortes tensions internes. A la différence de ses voisines Kızıltepe, Senyurt ou Nusaybin, Ceylanpınar n'est pas administrée par l'un des partis pro-kurdes, HDP ou BDP. Lors du scrutin de mars 2014, la différence entre l'AKP et le BDP n'a été que de quelques centaines de voix et selon certains décomptes, le BDP l'aurait emporté. La victoire de l'AKP ayant été proclamée, le BDP a déposé un recours à la Commission électorale (Seçim Kurulu), qui a été repoussé. L'événement a provoqué une forte agitation dans la ville, au début d'avril 2014, réprimée par la manière forte avec canons à eau et grenades à gaz. Ainsi selon la gauche et les Kurdes de la région, la mairie de Ceylanpınar a été « volée » au BDP.
Rojava existe et résiste. C'est le second territoire administré par les Kurdes au sud de la Turquie. L'Etat turc a peur. Une partie de la population également, travaillée depuis près d'un siècle par la propagande anti-kurde et l'idée de supériorité de la race turque. Elle réagit par le vote réactionnaire, à Ceylanpınar, et plus encore, plus à l'ouest, à Akçakale, où le vote lors du scrutin municipal de mars 2014 s'est partagé presque entièrement entre l'AKP et l'ultra-nationaliste MHP. La frontière sud de la Turquie n'est pas seulement une ligne de fracture nord-sud ; les tendances opposées de la vie politique du pays s’égrènent le long de la voie ferrée : nationalisme turc à l'ouest, résistance kurde à l'est. Ceylanpınar est un fragile pivot.
Sources
Archives de Milliyet, notamment 15 novembre 2003, 22 janvier 2005, 26 octobre 2006, 22 décembre 2007.
Site officiel de la mairie de Ceylanpınar :
Articles de presse :
AKIN
17 juin 2003, « Mağduriyet Kasabası: Ceylanpınar [Ceylanpınar, la ville oubliée] », bianet.org, http://bianet.org/bianet/toplum/20072-magduriyet-kasabasi-ceylanpinar
12 novembre 2012, « Çatışma Urfa Sınırında, Mültecilerin Sayısı Artıyor [Combats sur la frontière près d'Urfa, les réfugiés affluent] », bianet.org, http://bianet.org/bianet/dunya/142010-catisma-urfa-sinirinda-multecilerin-sayisi-artiyor
29 janvier 2013, « Serekaniye’de çatışmalar, Ceylanpınar’da öfke büyüyor [Affrontements à Serekaniye, la colère monte à Ceylanpınar] », sendika.org, http://sendika10.org/2013/01/serekaniyede-catismalar-ceylanpinarda-ofke-buyuyor/
22 août 2013, « Ceylanpınar çatışmalarla uyandı: 2 yaralı [Ceylanpınar se réveille avec des combats: deux blessés] », http://www.memurlar.net/haber/398641/
1 avril 2014, Al Jazeera.com, « Ceylanpınar'da tansiyon yüksek [Forte tension à Ceylanpınar] », http://www.aljazeera.com.tr/haber/ceylanpinarda-tansiyon-yuksek
25 mai 2015, dugruhaber.com, « Ceylanpınar'da göçerlerin asırlık sorun çözüldü [Le problème séculaire des nomades est résulu à Ceylanpınar] », http://www.dogruhaber.com.tr/haber/173292-ceylanpinarda-gocerlerin-asirlik-sorun-cozuldu/.
22 juillet 2015, posta.com, « Ceylanpınar'da polislere saldırıyı PKK üstlendi] [Le PKK est responsable de l'attentat contre les policiers à Ceylanpınar », http://www.posta.com.tr/turkiye/HaberDetay/Ceylanpinar-da-polislere-saldiriyi-PKK-ustlendi.htm?ArticleID=292453
22 juillet 2015, karar.com, « Ceylanpınar tesadüfü [La coïncidence de Ceylanpınar] », http://www.karar.com/gundem-haberleri/ceylanpinar-tesadufu
28 septembre 2015, haberceylanpinar.com, « Ceylanpınar'da 7 mahallenin ismi degisti [Les noms de 7 quartiers de Ceylapınar ont été modifiés] », http://www.haberceylanpinar.com/ceylanpinarda-7-mahallenin-ismi-degisti.html
24 mars 2016, « Ceylanpınar'da 8 PYD'li yakalandı [8 combattants du PYD arrêtés à Ceylanpıar] », Sabah, http://www.sabah.com.tr/gundem/2016/03/24/ceylanpinarda-8-pydli-yakalandi